Il existe de drôles de forêts électriques peuplées de demoiselles rouge gorge sautillantes des plus euphorisantes et douces.
Un oiseau de cet acabit s'est posé jeudi soir au Triptyque: Elle s'appelle Babet et annonce nettement la couleur car son album s'appellera drôle d'oiseau et elle nous a sorti une petite couvée toute duveteuse de son petit nid en avant première... Pour un premier vol ses petits poussins chansons ont passé haut la main leur examen de vol avec mention sil vous plaît pour ce qui est des loopings, trilles acrobaties et figures libres.
Pour ce petit enregistrement de bande passante Babet a commencé par un petit vol en rase campagne du côté de Montbrison où elle a rejoint Mick & Tout seul (qui est tout seul?) avec son violon fétiche entre ses mains.
Décor: Mickaël Furnon tendre, débonnaire et mélancolique est posé là sur son tabouret comme un Brassens champêtre avec une aura de gentil géant mélodieux énumérant des chansons douces & essentielles sorties droit de sa tranquillité et de sa rêverie lorsque Babet arrive en petites foulées Adidas noires & blanches sur une ravissante- ben mince c'est la minute culture faut bien le dire! - petite robe rouge avec sur son sein droit une petite hirondelle qui attend le printemps sagement encore couvée par sa maman chanteuse avant de prendre son envol & de rejoindre ses copines chansons qui volettent déjà.
Babet violone tout en tranquillité malgré le trac qu'on imagine à côté de Mickaël pour un duo tout doux et complice: Pour un duo d'avant première on ne pouvait rêver mieux: Deux échappés libres en cour de récréation de leur groupe habituel. Ces deux artistes sont du même bois : simples, touchants tendres et sans fards. Le duo est émouvant, brut de décoffrage et prenant: Bon & doux comme une ballade à l'air libre.
Une fois ses arpèges d'accompagnement finis Babet file en coulisse toute rieuse et sautillante.
On va parler de Babet là donc je ne m'étends pas su Mickaël mais sachez que sa prestation est un bijou de tendresse, de pudeur et de fraîcheur & qu'il fut, ce soir là, épatant & qu'on se
Languit de le revoir.
Dès qu'il quitte la scène Babet revient sautiller avec le sourire comme une petite facétieuse qui prépare une blague…Elle annonce au présentateur qui commence à jouer les M.Loyal (Messieurs Loyaux ?) Qu’elle va partir parce que ce seront ses garçons qui vont commencer parce qu’elle « aime bien » et elle galope en coulisses quasi hilare.
Arrive l’escorte de Mademoiselle Oiselle : Pierre le bassiste tranquille et virtuose et Dawid le DJ –dompteur de sons. Les deux garçons sont tranquilles et souriants, ils ont une présence très apaisante et sobre. L’escorte de miss Babet est en place : Ces deux gars là respirent l’énergie contenue et je ne sais pas moi…Un brin de gentillesse et de douceur comme deux grands frères qui couvent de l’œil la plus petite qui s’amuse à gazouiller dans un coin.
Babet bondit sur scène avec un sourire de chat de chester immense…On imagine tous à combien doit battre son palpitant( d’autant plus que les oiseaux ont le cœur qui battent très c’est scientifiquement prouvé !)
Mais ce n’est pas grave pour se donner de la contenance elle va nous siffloter un petit « air léger « de derrière ses fagots.
Premier étonnement : c’est un moineau rocker ! Babet joue de la guitare comme d’un morceau d’âme fait des petits sauts débordants d’énergie, break danse, apostrophe tous les coins de la scène en levant un bras enthousiaste …Et le premier truc qui nous arrive en pleine poire c’est que ce petit oiseau a un tigre dans le moteur & qu’elle a un lien de parenté troublant avec la sorcière du Dorset : La grande PJ Harvey ! Babet est une mini PJ ! Une petite sœur tendre & drôle de PJ : Même aura élégante, même virtuosité, même jeu de guitare même énergie sautillante et brute. (Revenons )à la robe c’est important ! Même customisation de petites robes sauf que Babet l’emporte par KOI l’hirondelle a tué les spice girls !)
& Le petit coco moto tout tranquille et acoustique de se transformer en version rock aérienne et terriblement énergique avec Babet & sa guitare qui sautille sur les paroles délicieusement non-sens attention son pistolet à eau est un flingueur ! Version terriblement rock et sauvage qui ferait presque penser aux premiers temps de « Dry » de la lady du Dorset.
Vient le moment unique de l’interview : Les tabourets posés sur scène ont l’air de gratte-ciel et Babet préfère rester en rase campagne car décidément cette robe rouge est un personnage scénique à elle seule & fait les siennes. Face à un présentateur ahuri vient un instant gracieux, drôle et détendu. La demoiselle est en fait très drôle & incroyablement « cool » (je ne vois pas d’autres mots) & déjoue innocemment toutes les questions avec une candeur et un non-sens adorable …On a des réponses d’anthologie tant elles sont vraies & amusantes : Un super courant d’air au pays des jmelapète branchouille. Babet ne picore pas de ce pain là & sous son côté délicieusement enfantin recèle une sérieuse idée de ce qu’elle veut ou pas & un vrai tempérament d’artiste. Bref une interview tout bonnement mirifique où on a l’impression d’entendre Marylin Monroe prendre la parole avec la répartie de Groucho Marx…tout en comique sexy & fous rires !
L’intervieweur regagne les coulisses lui aussi gagné par la douce bonne humeur qui règne et Babet reprend enfin.
Vient la sensualité et le trouble des amoureux : Très belle chanson toute en amour vibrant qu'il fait bon écouter dans les bras de la personne qu’on aime : Doux & troublant comme une sieste au soleil dans les bras de son aimé.
Mais vous qui voyez la demoiselle comme une joyeuse petite hirondelle ne vous y trompez pas « C’est quand déjà » confirme que Babet a une sensibilité à fleur de peau et un talent de plume (oui vous voyez venir le jeu de mot mais vous ne l’aurez pas !) La chanson douce amère revient avec pudeur et lucidité sur les petites cicatrices de la vie aidée par une rythmique hypnotique et les scratches de DJ Dawid qui décidément est bien efficace.
Les violons crachent la mélancolie sur ce « temps pourri »…La chanson est sublime et prenante comme un après midi d’hiver nostalgique quand on est une hirondelle qui attend son printemps…Bref un encart mélancolique et doux amer bouleversant.
L’émotion ne tombera sûrement pas avec « Mon oncle » qui est l’un des morceaux les plus déchirants qui parle avec sagesse et philosophie de ces vivants qui ne se mettent à exister qu’une fois morts. Avec pudeur Babet décrit les vies ratées et les non dits qui minent les gens. Un véritable portrait à la Brel qui décrit sans racolage l’itinéraire d’un homme qui se perd, la chronique d’une mort annoncée…Babet raconte juste l’histoire d’un homme simple et ne se voile pas dans l’affectation & livre des sentiments bruts vibrants de sincérité…Il y aura beaucoup à dire mais on se sent bien maladroit : Cette chanson est belle et grande voilà.
Souvent Babet se dit « une vraie routarde » en éclatant de rire, elle se met à nous raconter à travers son « Voyageur » toutes ces pérégrinations, ces incertitudes, ces éternels mouvements de ceux qui voyagent toujours un peu trop…Vous voyez comme ces moments où l’on se sent voyageur perdu sur un quai de gare.
Et voici-je dois bien le dire- ma chouchoute « l’éléphant sur le dos » !!! Ah cet éléphant !
La mélodie vous la connaissez si vous avez ce petit bijou « d’Hôtel stories » d’Houdini c’est celle de « To you « . Cette mélodie quasi jazzy, si douce, si joyeuse si tendre…Voici sa jumelle française gravée sur CD comme deux noms sur un chêne les deux chansons de Babet & d’Houdini sont des jumelles, des petits clins d’œils tendres.
Les paroles délicieusement loufoques et Babet qui fait des grosses voix & mine une trompe d’éléphant avec son bras tout en rigolant vous réexpédient immédiatement en enfance. Cette chanson a le goût d’une berceuse de petite enfant quand la tarte aux pommes chauffe dans le four et sent le caramel…Cette chanson est un petit doudou, un bout de bonheur et on adore redevenir de grands enfants !
Vient le tubesque et déjà si aguerri « Marin » qui vient accoster à quai…Partons avec lui ?
Tout ceci pour venir exploser sur du disco de « body club » ou les samples de violon, les guitares, Dawid & Pierre s’éclatent pour composer une petite ritournelle disco toute charmante sans se prendre au sérieux car Babet avoue adorer le disco & elle a raison parce que c’est souvent super jouissif de se défouler sur du disco sans se prendre au sérieux…Les musiciens s’éclatent, Babet sautille partout et cette chanson est une véritable petite bombe décalée.
Et non c’est Babet qui vient nous dire « je pars » : véritable profession de foi de l’artiste …Babet nous livre ses interrogations ses envies de voyage le tout ficelé dans une très jolie mélodie avec des paroles oniriques et émouvantes…Babet parle souvent de vent, de mer, de tous ces éléments naturels qu’on adore contempler et je peux pour dire qu’on sent poindre une véritable poétique dont « je pars » serait l’introduction l’explication…
Tout ça pour vous dire qu’on a assisté à l’éclosion d’un oiseau bête de scène & qu’une hirondelle fait le printemps car le 5 mars sort cette couvée d’oiseaux rares qui constitueront son album.
Babet est un volatile de scène épatant & courez vite la voir car son premier vol plané prédit des heures délicieuses de vol.
En tout cas c’est avec bonheur qu’on l’a vue prendre son envol & croyez moi ce petit oiseau a plus d’un tour dans son sac.
Et ne vous fiez pas à son air rieur et léger sous ses sautillements se cache une rockeuse aguerrie & pro comme dix huit Eddy Mitchell capable de dompter son trac pou livrer un set époustouflant !
Bonne route Babet !